Syndrome du « Chez nous c’est pas pareil ! »

Ce syndrome prend de multiples formes partageant toutes comme manifestation la justification de la refonte de ce qui a déjà été fait maintes fois :

  • soit parce qu’on ne veut pas modifier ce qui existe mais qu’on ne maîtrise plus ;
  • soit parce qu’on veut expliquer l’inutilité des réflexions de synthèse (l’architecture, par exemple) et la toute puissance des bricolages locaux ad hoc ;
  • soit parce qu’on met l’accent sur de subtiles nuances en perdant de vue la masse des ressemblances ;
  • soit encore parce qu’un problème nouveau est bien plus intéressant qu’un problème déjà traité.

Mais rendons-nous à l’évidence, le manque de maîtrise de nos systèmes est en grande partie la conséquence des lacunes d’architecture et des vues localisées des concepteurs, et les problèmes réellement nouveaux ne sont pas si nombreux.

Le symptôme le plus vicieux de ce syndrome est l’arrogante idée qu’on (une personne, une équipe, une entreprise, une corporation…) est bien mieux placé pour aborder un problème que l’ensemble de nos prédécesseurs. Ce n’est pas toujours aussi explicite que ça, certes, mais c’est compris dedans aussi sûrement qu’une nouvelle taxe se retrouve dans le prix de vente. Ce symptôme, à son tour, entraîne des conséquences physiologiques : les entités ne peuvent pas communiquer correctement (les services organisationnels travaillent différemment, les logiciels traitent d’objets différents, les personnes utilisent des vocabulaires différents…), et la vision générale du système se dilue dans la multiplicité des composants locaux. La boucle de rétro-action positive est bouclée, le système se décompose et la maîtrise se perd inexorablement, enchâssée qu’elle est dans une dogmatique difficile à rompre.

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